La picachanson n°33 : Eclipse
En cette année picassienne 2021-2022, nous vous proposons de continuer ensemble l'œuvre débutée l'année dernière : chaque dimanche (ou presque), nous découvrirons une chanson. Parce que les chansons sont le reflet de leur époque, elles transmettent et perpétuent des images de leur monde, et, par leur universalité, offrent un pont naturel avec le nôtre. Nous aborderons ainsi des chansons de tous les styles et de toutes les époques, de tous les genres musicaux… mais toujours en lien avec l'actualité. L'actualité du monde, l'actualité du collège, l'actualité de nos vies. Aussi, ouvrez vos chakras, vos oreilles et vos cœurs : pour sa deuxième saison, voici venir la picachanson !
Le samedi 4 décembre dernier, un phénomène extraordinaire s’est déroulé, seulement visible par les (rares) habitants du continent Antarctique et d’innombrables pingouins, qui ont bien dû se demander pourquoi diable la nuit intervenait ainsi au beau milieu de la journée… Journée qui, en Antarctique, dure pas moins de… six mois, rappelons-le.
En effet, c’est une éclipse solaire totale qui a pu être observée, phénomène se produisant lorsque le soleil, la lune et la Terre sont parfaitement alignés, et que l’ombre de la lune se projette sur nous, masquant ainsi, pour quelques instants, l’astre du jour.
Ce spectacle extraordinaire a donné l’occasion de prendre de magnifiques photos, dont celle-ci, prise par le chilien Felipe Trueba, et diffusée par l’AFP :

Au passage, on peut se demander pourquoi de telles éclipses sont possibles, et si magnifiques… On ne se pose pas souvent la question, mais il faut bien reconnaître les choses : dans le ciel, le soleil et la lune semblent de même diamètre. Et d’ailleurs, lors des éclipses, l’impression devient palpable : le diamètre du disque lunaire se superpose exactement au diamètre du disque solaire (et c’est même l’occasion, pour les scientifiques, d’étudier la fameuse couronne solaire, qui ne peut être observée qu’à cette occasion).

La couronne solaire observée en France, lors de l’éclipse totale du 11 août 1999.
(Photo de Luc Viatour pour Wikipedia.)
Cette superposition ne va pas de soi, car bien sûr le soleil et la lune n’ont pas vraiment le même diamètre… Si on entre dans le détail, le soleil a un diamètre gigantesque de 1 392 684 km, tandis que celui de la lune est seulement de 3 474 km. Le soleil est donc 400 fois plus grand que la lune, ainsi qu’on peut le voir sur cette infographie qui respecte l’échelle des dimensions (mais bien sûr pas des distances) :

Représentation à l’échelle des différents astres du système solaire. Le disque orange est le soleil. Le minuscule point du bas marqué « moon » est la lune.
Ce qui explique que ces deux astres de tailles si différentes se surperposent parfaitement dans notre ciel terrien… est leur distance à la Terre. Le soleil est en effet éloigné de la Terre de 149 600 000 km, soit environ 8 minutes-lumière (cela veut dire que la lumière du soleil met environ 8 minutes à nous parvenir). C’est aussi ce qu’on appelle une « unité astronomique ». La lune, quant à elle, est éloignée de la Terre de 380 000 km. Si l’on fait une simple division, on arrive à cette coïncidence folle : 400 fois plus grosse que la lune, le soleil en est aussi 400 fois plus éloigné de nous. Et c’est cette coïncidence qui explique qu’elle nous paraissent d’exactes mêmes dimensions dans notre ciel…
Fasciné par la merveilleuse photo de Felipe Trueba, l’auteur de ces lignes ne pouvait pas ne pas proposer de picachanson évoquant donc une éclipse. La tentation fut forte de se pencher sur le cas de Bonnie Tyler, dont la chanson Total Eclipse of the Heart, en 1983, évoque l’histoire d’une femme délaissée, qui « tourne en rond » (« turn around »), et qui, toujours amoureuse, tente une ultime déclaration d’amour pour récupérer l’être aimé, le tout avec une voix rocailleuse qui faisait la marque vocale de cette chanteuse des années 80 (et dont la petite histoire raconte qu’elle était dûe à une opération des cordes vocales, Bonnie Tyler ayant recommencé à chanter trop tôt, au risque de s’abîmer la voix). Mais non.
Et puis forcément l’idée s’est imposée… L’éclipse, dans la littérature et notamment dans la chanson, est toujours traitée pour sa dimension métaphorique. C’est d’ailleurs le sens du mot utilisé par Bonnie Tyler (« l’éclipse totale du cœur », à comprendre l’amour soudainement mis dans l’ombre par le passage inopportun d’un autre astre), et c’est aussi le sens global de la chanson Eclipse, des Pink Floyd.
Ce n’est pas la première fois que nous évoquons le groupe anglais Pink Floyd (rendez-vous à la picachanson n°14, concernant le chansons Another brick in the wall), et nous avions prévenu que nous reviendrions à l’album dont il est question ici : The dark side of the moon.

Datant de 1973, l’album The dark side of the moon est le troisième album les plus vendu de tous les temps, avec une estimation située entre 45 et 50 millions d’exemplaires.
Sa pochette, incroyablement épurée, a fortement marqué les esprits.
Avant Wish you were here, l’album entier consacré à Syd Barrett (le premier leader des Pink Floyd, qui sombra dans la folie après avoir abusé de drogues), The dark side of the moon était déjà dédié à Syd, et d’ailleurs cette volonté d’explorer « la face cachée de la lune » était clairement, pour les musiciens du groupe, d’évoquer la maladie mentale qui tenaillait leur ancien mentor. Et c’est sur les deux derniers morceaux de l’album (enchaînés – comme s’ils n’en formaient qu’un) que la maladie elle-même est évoquée : la première des deux chansons s’appelle Brain dommage (« dommage cérébral ») », et le dernier, donc, Eclipse.
L’éclipse, comme une interruption temporaire du son et de l’image. Temporaire, certes. Mais jusqu’à quand ?
Bon visionnage, et à dimanche prochain pour une nouvelle picachanson.
Brain damage + Eclipse Paroles : Riger Waters ; Musique : David Gilmour The lunatic is on the grass The lunatic is on the grass Remembering games and daisy chains and laughs Got to keep the loonies on the path The lunatic is in the hall The lunatics are in my hall The paper holds their folded faces to the floor And every day the paper boy brings more And if the dam breaks open many years too soon And if there is no room upon the hill And if your head explodes with dark forbodings too I'll see you on the dark side of the moon The lunatic is in my head The lunatic is in my head You raise the blade, you make the change You re-arrange me till I'm sane You lock the door And throw away the key There's someone in my head but it's not me. And if the cloud bursts, thunder in your ear You shout and no one seems to hear And if the band you're in starts playing different tunes I'll see you on the dark side of the moon. All that you touch All that you see All that you taste All you feel All that you love All that you hate All you distrust All that you save All that you give All that you deal All that you buy beg, borrow or steal All you create All you destroy All that you do All that you say All that you eat everyone you meet All that you slight everyone you fight All that is now All that is gone All that's to come and everything under the sun is in tune but the sun is eclipsed by the moon.