Les trois Mousquetaires / épisode 6

Résumé des épisodes précédents : Arrivé à Meung, d’Artagnan surprend un homme qui rit de sa monture. Il l’interpelle vigoureusement.

Le gentilhomme ramena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme s’il lui eût fallu un certain temps pour comprendre que c’était à lui que s’adressaient de si étranges reproches ; puis, lorsqu’il ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncèrent légèrement, et après une assez longue pause, avec un accent d’ironie et d’insolence impossible à décrire, il répondit à d’Artagnan :

« Je ne vous parle pas, monsieur.

– Mais je vous parle, moi ! » s’écria le jeune homme exaspéré de ce mélange d’insolence et de bonnes manières, de convenances et de dédains.

L’inconnu le regarda encore un instant avec son léger sourire, et, se retirant de la fenêtre, sortit lentement de l’hôtellerie pour venir à deux pas de d’Artagnan se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublé l’hilarité de ceux avec lesquels il causait et qui, eux, étaient restés à la fenêtre.

D’Artagnan, le voyant arriver, tira son épée d’un pied hors du fourreau.

« Ce cheval est décidément ou plutôt a été dans sa jeunesse bouton d’or, reprit l’inconnu continuant les investigations commencées et s’adressant à ses auditeurs de la fenêtre, sans paraître aucunement remarquer l’exaspération de d’Artagnan, qui cependant se redressait entre lui et eux. C’est une couleur fort connue en botanique, mais jusqu’à présent fort rare chez les chevaux.

– Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maître ! s’écria l’émule de Tréville, furieux.

– Je ne ris pas souvent, monsieur, reprit l’inconnu, ainsi que vous pouvez le voir vous-même à l’air de mon visage ; mais je tiens cependant à conserver le privilège de rire quand il me plaît.

– Et moi, s’écria d’Artagnan, je ne veux pas qu’on rie quand il me déplaît !

– En vérité, monsieur ? continua l’inconnu plus calme que jamais, eh bien, c’est parfaitement juste. » Et tournant sur ses talons, il s’apprêta à rentrer dans l’hôtellerie par la grande porte, sous laquelle d’Artagnan en arrivant avait remarqué un cheval tout sellé.

Mais d’Artagnan n’était pas de caractère à lâcher ainsi un homme qui avait eu l’insolence de se moquer de lui. Il tira son épée entièrement du fourreau et se mit à sa poursuite en criant :

« Tournez, tournez donc, monsieur le railleur, que je ne vous frappe point par-derrière.

– Me frapper, moi ! dit l’autre en pivotant sur ses talons et en regardant le jeune homme avec autant d’étonnement que de mépris. Allons, allons donc, mon cher, vous êtes fou ! »

Puis, à demi-voix, et comme s’il se fût parlé à lui-même :

« C’est fâcheux, continua-t-il, quelle trouvaille pour Sa Majesté, qui cherche des braves de tous côtés pour recruter ses mousquetaires ! »

(Suite au prochain épisode)

Cette année, grâce au Picablog, lisez intégralement le roman d’Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires. Quatre fois par semaine, pile poil à l’heure du Silence on lit !, découvrez la suite du roman… et vibrez à la lecture des aventures de D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis ! En garde, Picassien !

M. Leclerc

Administrateur du site du collège.

Vous aimerez aussi...

Thank you for your upload