Le poème du dimanche n°1
Tous les dimanches, le site du collège vous offre un poème. Comme ça, sans raison, gratos. Pour lire… et prendre du plaisir !
Le poème n°1 a été choisi pour rendre hommage à ce long ciel de traîne qui recouvre lentement nos souvenirs d’été en cette fin septembre. Un magnifique texte du tout premier prix Nobel de littérature, René-François Sully Prudhomme…
Pluie
Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l’averse ;
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.
La bourbe monte et trouble la fontaine,
Et le sentier montre à nu ses cailloux.
Le sable fume, embaume et devient roux ;
L’onde à grands flots le sillonne et l’entraîne.
Tout l’horizon n’est qu’un blême rideau ;
La vitre tinte et ruisselle de gouttes ;
Sur le pavé sonore et bleu des routes
Il saute et luit des étincelles d’eau.
Le long d’un mur, un chien morne à leur piste,
Trottent, mouillés, de grands bœufs en retard ;
La terre est boue et le ciel est brouillard ;
L’homme s’ennuie : oh ! que la pluie est triste !