La picachanson n°21 : Si, maman, si

Régulièrement, en cette année picassienne 2020-2021, le collège Picasso vous fait découvrir une chanson. De tous les styles et de toutes les époques, de tous les genres musicaux… Aux confluences de tous les arts et de toutes les traditions, la chanson est sans doute un art mineur… ou plutôt c’est ce qu’elle aime bien nous faire croire, pour nous toucher plus facilement ! Ouvrez vos chakras, vos oreilles et vos cœurs : voici venir la picachanson !

En ce dimanche de fête des mères, nous vous proposons d’écouter la chanson de France Gall, Si, maman, si. Une chanson écrite en 1977 par Michel Berger, qui était alors le compagnon de France Gall. Celle-ci, vainqueure huit ans plus tôt du Concours Eurovision (avec la chanson Poupée de cire, poupée de son, écrite par Serge Gainsbourg) à seulement 17 ans, restait une enfant dans l’esprit du public, et c’est bien sûr en creusant le paradoxe de cette femme de 25 ans aux allures (et à la voix) juvéniles que Michel Berger écrivit cette chanson aux accents de spleen, quasiment baudelairien.

Michel Berger et France Gall, au début des années 1980.

Car Si, maman, si, au-delà de sa douceur, est une chanson profondément mélancolique. L’apostrophe du titre, ce « maman » encadré d’un double « si » – comme si l’incertitude de la venue au monde devait être prolongé au-delà-même de l’existence –, répété doublement au début de chacune des phrases du refrain (apothéose de l’anaphore) est le reflet de la révélation d’une détresse profonde. Le tâtonnement face à un monde sans pitié, où la jeune femme aurait du mal à trouver sa place…

La solitude et l’indifférence du monde peuplent les pensées de la chanteuse. « Et je m’endors doucement sans chaos ni sentiment »… La vie ne serait que feutre et douceur, loin des passions et des tourments de l’amour… Pourtant, l’être aimé n’est peut-être pas inaccessible : « Le bonheur passera peut-être, sans que je sache le reconnaître ». Tant qu’il y a de l’espoir…

Le refrain constitue donc une longue complainte, une confession, une demande d’écoute à sa maman de la part de la chanteuse. Elle ne demande pas d’aide, juste de l’écoute, de l’empathie, de la compréhension. Les frontières du temps et de l’indépendance sont parfois mouvantes : enfant on n’aspire qu’à la liberté. Adolescent, on a besoin de couper le lien. Adulte, on ressent parfois le besoin de se rapprocher. Sa manière à elle, en quelque sorte, de dire… « Bonne fête, maman. »

Bonne écoute, et à dimanche prochain.


Si maman, si

paroles et musique : Michel Berger

Tous mes amis sont partis
Mon cœur a déménagé
Mes vacances c'est toujours Paris
Mes projets c'est continuer
Mes amours c'est inventer

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi

Mon cœur est confortable, bien au chaud
Et je lasse passer le vent
Mes envies s'éteignent, je leur tourne le dos
Et je m'endors doucement
Sans chaos ni sentiment

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si

Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi
Et le temps défile comme un train
Et moi je suis à la fenêtre
Je suis si peu habile que demain
Le bonheur passera peut-être
Sans que je sache le reconnaître

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi
Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi
Et mon cœur aussi

M. Leclerc

Administrateur du site du collège.

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